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Et comme je ne répondais rien au prince, qui s’était interrompu une seconde, dans l’espoir peut-être que j’accepterais son amitié, il reprit tristement :

— Pardon encore… pour ce dernier regret… mais du moins… votre main, Monsieur… votre loyale main… qu’il me soit permis de la serrer pour la première… et pour la dernière fois.

Et ma main répondit à la cordiale étreinte du prince.....

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Exprimer ce qu’à ce moment je ressentis de bonheur glorieux, ineffable, est impossible… moi, pauvre valet de ce prince… l’avoir amené là… par le seul ascendant d’une âme honnête, droite et aimant le bien.

Je l’avoue : pour la première fois de ma vie, je ressentis de l’orgueil et je me dis — Oh ! merci à vous, Claude Gérard, mon ami, mon maître… Merci à vous donc ; les enseignements, les exemples ont épuré mon cœur et m’ont donné quelque force d’âme.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Maintenant, Monsieur — dis-je au prince, — adieu… courage… et persévérance.

— Adieu, Monsieur… — me dit-il, — et dans le cas où j’aurais à vous écrire…

— Veuillez adresser votre lettre à M. Pierre, à Paris, poste restante.

— Et vous me répondrez, n’est-ce pas au moins cela ? je vous en conjure.

— Je vous répondrais avec empressement… avec bonheur, Monsieur, soyez en certain.