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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/223

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Et comme je me retirais, elle a ajouté :

— Restez dans le salon d’attente pour veiller à cet ordre, et être là si j’ai besoin de vous.

— Oui, Madame la princesse.

Et je me suis éloigné.

J’avais à peine laissé retomber les portières, que j’entendis Régina s’écrier en se parlant à elle-même :

— Au moins tout va se décider… aujourd’hui.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

D’après l’ordre de ma maîtresse, je suis resté dans le salon, au lieu de monter m’habiller de noir comme d’habitude, et quitter la veste de coutil rayé et le grand tablier blanc à bavolet triangulaire, que je porte pour mon service du matin.

Je me rappelle cette particularité puérile, parce qu’elle a été cause d’une observation que m’a adressée le prince, observation singulière dans la disposition d’esprit où il devait se trouver, mais qui ne m’étonna cependant que médiocrement, sachant sa sévérité pour la tenue des gens de sa maison.

À midi moins un quart on a sonné, j’ai ouvert.

C’était le prince…

Il tenait à la main le portefeuille que je lui avais remis pendant la nuit… Le prince était, comme Régina, d’une pâleur extrême, il me fut facile de lire sur son visage la violence des émotions dont il devait être agité.

— Madame de Montbar est chez elle, — me dit-il avec un accent plus affirmatif qu’interrogatif, — puis jetant les yeux sur mon malheureux tablier il me dit sévèrement :