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les papiers de famille, qui avaient déjà eu tant d’influence sur ses relations avec la princesse.

Je me demandai cela, non pas parce que M. de Montbar m’avait traité durement et trouvé stupide, non pas parce qu’au moment de son entrevue avec Régina, entrevue capitale pour lui (ceci m’est alors aussi revenu à l’esprit), il avait pu songer à me reprocher rudement l’inconvenance de mon tablier du matin, mais parce qu’un homme aussi heureux que me semblait l’être M. de Montbar, après avoir entendu la princesse lui dire que le dévoûment de sa vie entière ne suffirait pas à s’acquitter envers lui, devait, selon moi, dans un pareil moment, ne trouver, même pour ses serviteurs en faute, que des paroles d’indulgence, de bonté… car ceux-là chez qui le bonheur n’éveille pas des sentiments remplis de mansuétude, ceux-là ne sont pas complètement dignes d’être heureux.

En réfléchissant à ce jugement que je portais sur M. de Montbar, je me demandai encore si, malgré moi, et à mon insu, je n’obéissais pas à un ressentiment d’amour-propre blessé, si ma susceptibilité n’aurait pas été irritée par la dure réprimande du prince.

En vain je me suis interrogé sévèrement à ce sujet : la dureté de M. de Montbar, en tant que symptôme et en m’isolant complètement, m’a laissé une impression mauvaise sur la bonté de son cœur.

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Toutes ces pensées me sont venues en moins de temps qu’il ne m’en faut pour les écrire ; je descendais de ma chambre où j’étais allé me vêtir convenablement (ainsi que disait le prince) pour me rendre chez M. de