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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/254

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c’est à vous que je m’adresse : que faut-il faire ? que voulez-vous que nous fassions ?

— Régina… — lui dit Just avec un accent passionné, — Régina… m’aimes-tu ?

— Vous me le demandez ? — répondit Mme de Montbar avec une naïveté de sentiment inexprimable.

— Alors, — reprit Just presque tout bas et d’une voix palpitante de passion, — alors, pas de folle générosité… accepte la liberté que l’on t’offre… le bonheur… l’avenir est à nous… tout un long avenir d’amour… entends-tu, Régina… d’un amour non plus contenu par le devoir comme le nôtre a dû l’être jusqu’ici… mais d’un amour libre, ardent… fou !

— Oh ! ne me parlez pas ainsi… ne me regardez pas ainsi… vous me brisez, vous me rendez lâche… Hélas ! j’ai besoin de tout mon courage… quand je songe…

— Et moi, je ne veux pas que tu songes à autre chose qu’à notre amour,… ma Régina… — dit Just, avec un redoublement d’ardeur. — Je veux qu’en attendant ce moment si prochain et si doux tu trouves comme moi ton délice et ton tourment dans cette pensée enivrante… bientôt nous serons libres

— Assez !… oh ! assez… Ayez donc pitié de moi, — murmura la princesse.

Just, impitoyable, continua d’une voix à la fois si tendre, si pénétrante que, malgré moi, je tressaillis encore de jalousie et de douleur.

— N’est-ce pas ? ma Régina… tu comprends… tu sens tout ce qu’il y a dans ces mots : nous sommes libres ?… Libres… c’est être près de toi… là…