Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/309

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— Un coup terrible… me frapper ?… — murmura M. Duriveau en jetant un regard défiant et sombre sur le braconnier — ce coup ?… ta haine… le portera sans doute..... tu voudras accomplir ta prophétie.

— Est-ce que vous n’êtes pas en mon pouvoir… à cette heure… et sans secours ?.. — dit Claude Gérard. — Non, — reprit-il tristement, — non, il ne s’agit pas de ma vengeance… si vous vous repentez, elle serait inique et inutile… si vous persévérez dans le mal, alors… je vous le jure par l’éternelle justice de Dieu à laquelle je crois… une voix secrète, irrésistible, me dit que c’est une main… plus puissante qu’une main humaine, qui se chargera de votre punition.

À ces mots, le nom de Basquine sembla luire en traits de feu dans l’esprit troublé du comte… Tandis que cédant à un sentiment, on pourrait dire à une sensation de pitié inexprimable, Claude Gérard tombait aux genoux du comte, et lui disait :

— Tenez… me voilà à genoux… à genoux devant vous… moi… moi… Claude Gérard, pour vous dire à mains jointes, au nom de Martin… au nom de votre autre fils, au nom de vous-même : soyez bon, soyez père… accomplissez les promesses que vous m’avez autrefois faites, lorsque je vous ai laissé une vie que j’avais le droit de vous ôter. Oh ! repentez-vous… amendez-vous… sinon… je vous dis que je crois la main de Dieu prête à s’appesantir sur vous !!

— Et je me laisserais imposer… intimider par tes jongleries, vieux misérable… — s’écria le comte, d’autant plus furieux, qu’un moment malgré lui, il avait été épouvanté des menaces prophétiques de Claude en son-