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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/318

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— Parole d’honneur, ma petite ? — Foi d’Astarté, Madame, lui dis-je, — mais ce n’est qu’au bal que vous jugerez de l’effet de votre coiffure. — Là-dessus elle part dare dare, et toute seule ; le ministre était malade, j’avais compté là-dessus. Elle arrive au bal des Tuileries au bout d’un quart-d’heure : on faisait queue pour venir la voir, empressement qu’elle attribuait à l’effet de ses marabouts ; aussi, elle se rengorgeait… et d’une force !! j’ai tout su par une de mes amies à qui sa maîtresse a raconté la scène. — Mon Dieu ! Madame, — disait l’un à la ministresse, — que vous avez là une coiffure printanière, jardinière !… je me permettrai même de dire maraîchère ! — Ah ! Monsieur ! — Madame, — disait un autre, — votre coiffure ne sera jamais hors-d’œuvre. — Ah ! Monsieur ! — Mais c’est-à-dire qu’elle est à croquer votre coiffure, — ripostait un troisième. — Ah ! Monsieur, ah ! Monsieur ! — disait la ministresse, en se pâmant de l’effet de ses marabouts. À la fin, l’amie en question, après l’avoir laissée pendant une demi-heure poser ainsi en ravière, l’a avertie qu’on commençait à l’appeler un peu trop la Mère-Radis, et, par ma foi ! le nom lui est resté.

— Astarté, je t’adorais, — dit Leporello avec enthousiasme, — aujourd’hui, je te vénère… mais, malheureuse, c’était un jeu à ne jamais trouver à te replacer.

— Au contraire ! ça m’a remis en vogue dans le faubourg Saint-Germain, où l’on me reprochait de m’être ralliée en servant chez un ministre de juillet ; aussi je n’ai eu qu’à choisir ; je suis entrée chez la comtesse de Cerisy, excellente maison, mais la comtesse est morte… il y a de cela dix-huit mois ; alors le marquis