Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/324

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elle… Je te parle de cette histoire de roi pour te faire comprendre que notre maîtresse doit trouver tout simple qu’un marquis se tue pour elle, quand un roi a manqué d’y passer…

— C’est juste… et Martin ?

— Je n’en ai pas entendu parler. Je crois qu’il est resté dans ce pays-là… je n’ai pas su pourquoi il avait quitté ses maîtres.

(Il est inutile de faire remarquer au lecteur qu’Astarté ignorait que Martin, de retour de voyage depuis peu de temps, était entré au service du comte Duriveau.)

— Mais, pour en revenir à notre maîtresse, sais-tu que ça m’a l’air d’une drôle de femme ? Et pourtant, à la voir hier faire les honneurs de sa soirée… on aurait dit d’une duchesse pour les excellentes manières… et puis belle… oh ! belle à éblouir… pourtant…

— Voyons, quoi ?

— Est-ce que Madame est toujours pâle comme ça ?

— Toujours.

— Elle n’a pas l’air de s’en plus mal porter… elle n’en est pas moins belle ; mais c’est singulier… cette pâleur.

— Entre nous, Leporello, — dit Astarté d’un air mystérieux, — moi, je crois que c’est ce qu’elle fume qui lui donne cette pâleur-là ?

— Comment ! elle fume ?… elle aussi ?… Ah çà ! il paraît que c’est décidément la mode… quoique l’odeur du cigare pour une femme… me semble horrible. Enfin, puisque c’est la mode…

— Tu te trompes. Madame ne fume pas de tabac…

— Mais quoi donc ?

— Je n’en sais rien… elle met cela sur une espèce