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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/341

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rien. » — Allons donc, lui ai-je dit, si je croyais à tes larmes… tu rirais trop…

— Scipion, je baiserai tout-à-l’heure vos beaux grands yeux… pour ce mot-là… Continuez, et tâchez de me gagner un autre baiser… Mais je brûle de savoir comment, avec tout cela, votre père consent à venir ici… subir mes conditions ?

— Le baiser d’abord… oh !.. le baiser.

— Non, non, voyons… dites… vite.

— Eh bien ! voyant que je le trouvais médiocre, en père sensible, l’auteur de mes jours a voulu se poser de nouveau en père féroce. À ses anathèmes, j’ai répondu avec le sang-froid que vous me connaissez : — « Rappelle-toi donc cette excellente histoire de cet imbécile de mari que tu as fait pleurer à chaudes larmes en pleurant toi-même, afin de lui persuader que ton amour pour sa femme avait été platonique, tandis que le soir même tu avais un rendez-vous avec elle… Rappelle-toi donc encore qu’à ce propos tu m’as dit : — « Il faut t’exercer, ô mon fils ! à avoir la larme facile, ça sert beaucoup avec les femmes, et quelquefois même, tu vois, avec les maris. »

— Scipion… je t’adore ! — s’écria Basquine ; puis elle reprit avec un sérieux affecté : — Continuez, Monsieur…

— Tu aurais dû ajouter dans ce temps-là — ai-je dit à mon père : — la larme facile sert aussi pour attendrir les fils qu’on peut avoir ; mais sur moi, ta rouerie lacrymatoire ne prend pas, je suis un fils… imperméable… — Voyant son jeu deviné, il est redevenu lui-même… c’est-à-dire le père roué, et il m’a dit en riant : — « Al-