Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/340

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— Il y a huit ou dix jours, bon, mais depuis ?

— Deux ou trois fois… il a voulu revenir sur cette promesse…

— Ah ! vous le voyez, vous me trompiez…

— Mais écoutez-moi donc, et, au lieu de me railler, vous m’admirerez, peut-être…

— J’aime beaucoup vous admirer, mon cher Scipion…

— Vous le savez… mon cher père est le plus grand roué qu’il y ait au monde… Il s’en vante, il a raison ; aussi ayant vu qu’il ne pouvait rien obtenir de moi par la menace, au sujet de la condition que je mettais à son mariage… il y avait donc consenti ; pourtant, malgré cette promesse, comme il est très-fin, il a essayé deux ou trois fois, depuis huit jours, de me reprendre en sous-œuvre… jouant alors, à ma grande surprise, un rôle tout nouveau pour lui, où, du reste, je l’ai trouvé médiocre, je le lui ai… confié.

— Et ce rôle ?

— Il s’était déjà amusé à jouer le père féroce ; il a voulu essayer du père sensible… Et dans une scène à grand effet, il a pleuré… mais… ma foi… très-bien !… très-bien !…

— Le roué ! dit Basquine, avec un sourire sardonique, — c’était très-fort !

— Pardieu ! vous comprenez bien que je n’ai pas été sa dupe… une seconde. Mais il a eu un beau moment, et moi aussi…

— Voyons cela, démon ?

— Il a pris une voix lamentable, et m’a dit : — « Je pleure… pourtant… devant toi… et cela ne te fait