Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/346

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tressaillement d’aversion… presque de terreur… car, malgré lui, il se rappela la prophétique menace de Claude Gérard, et la haine infernale dont Basquine était possédée contre Scipion et ceux de sa race, révélations que le comte devait aux Mémoires de Martin ; mais bientôt il se rassura, en songeant qu’il venait dans cette maison avec la certitude de sauver son fils de l’influence de cette femme dangereuse.

Basquine jeta un imperceptible regard sur la porte du boudoir où elle venait d’enfermer Scipion, montra du geste un siège au comte, et lui dit avec une tranquillité parfaite :

— Veuillez vous donner la peine de vous asseoir, Monsieur.

Le comte ne prit pas de siège, s’approcha de la cheminée, où il se tint debout, et, de là, dominant Basquine de toute sa hauteur, il lui dit d’une voix qu’il tâchait de rendre égale et calme :

— Vous vous attendiez sans doute à ma visite. Madame, car j’ai pu arriver jusqu’à vous ?

— En effet, Monsieur… j’espérais avoir le plaisir de vous voir.

— Expliquons-nous clairement, Madame, — dit rudement le comte, — j’ai voulu que mon fils épousât Mlle Wilson… mon fils m’a déclaré hier encore qu’il se refusait positivement à ce mariage, si je ne venais pas… moi… son père… (et le comte appuya sur ces mots avec un courroux amer) m’entendre avec vous

— Mais oui, Monsieur, — dit Basquine, d’un ton sardonique et altier, — j’ai cette prétention-là…

— Ah ! vous avez cette prétention-là… — reprit M.