Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/349

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— C’est parfaitement cela, Madame, — dit M. Duriveau en reprenant son sang-froid.

— Eh bien… Monsieur ?

— Eh bien ! Madame, je ne veux pas que vous exaltiez davantage l’espèce de monomanie de dépravation dont mon fils est possédé, et dont je le guérirai, moi, radicalement et rudement…

Ce disant, le comte haussa la voix afin d’être entendu de Scipion, et poursuivit d’un accent aussi élevé :

— En un mot, Madame, je ne veux pas que mon fils soit votre victime, pas même votre dupe… malgré ses précieuses dispositions pour ce rôle ridicule…

À ces mots de M. Duriveau, un éclair de joie diabolique illumina les yeux de Basquine, qu’elle tourna malgré elle vers le boudoir où était enfermé Scipion.

Puis elle reprit :

— Je crains, Monsieur… que votre fils ne soit pas parfaitement d’accord avec vous sur le rôle… peu flatteur… que, selon vous, il joue auprès de moi…

— C’est probable. Madame ; mon fils est très-dépravé, sans doute ; mais il est malheureusement aussi très-crédule, très-aveugle… et très-niais à votre endroit. Mais, je me charge de lui ouvrir les yeux, et de le déniaiser… toujours à votre endroit…

— Scipion crédule ? aveugle ? niais ? — reprit Basquine en souriant, — mais savez-vous. Monsieur, que vous me rendriez très-fière ? Circé l’enchanteresse ne transformait pas plus complètement ses amoureux… Cependant, malgré les sollicitations de mon amour-propre, je ne puis accepter votre bienveillante accusation et la toute-puissance que vous m’accordez ; je de-