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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/348

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— Et c’est dire, — reprit Basquine en interrompant le comte, — que vous êtes mon ennemi…

— Implacable… Madame.

— Cette franchise… me plaît…

— Ce qui vous plaira peut-être moins, Madame, c’est d’apprendre que je sais de quelle haine acharnée vous poursuivez mon fils… Cette haine, — ajouta le comte en haussant la voix, afin d’être entendu de Scipion, — cette haine date de bien des années déjà…

— Elle date de l’enfance, n’est-ce pas ? — dit Basquine le plus indifféremment du monde. — L’enfant mendiant de la forêt de Chantilly… la petite chanteuse de Sceaux… la pauvre figurante des Funambules… c’était moi. Est-ce là ce terrible secret ?

Le comte resta déconcerté. Il s’attendait à écraser Basquine sous cette révélation… elle la prévenait, pressentant ce qui allait suivre ces paroles de M. Duriveau, et regardant comme plus adroit d’aller au devant de ce reproche, quoiqu’elle ignorât de quelle manière le comte était instruit de ces particularités.

Basquine poursuivit donc, profitant du désappointement de M. Duriveau :

— Votre fils ne m’a pas reconnue dans nos diverses rencontres, n’est-ce pas ? Mais moi, qui ai probablement la mémoire… de la haine… je n’ai pas oublié ce méchant petit vicomte… et dès que l’occasion s’est présentée… j’ai traîtreusement enlacé dans mes filets ce pauvre cher enfant, qui est l’innocence et la candeur même, comme chacun sait..... afin d’en tirer quelque vengeance… féroce… inouïe… Est-ce bien cela, Monsieur ? Ne sont-ce pas là mes détestables projets ?