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CHAPITRE XII.


la vengeance.


Basquine poursuivit :

— Oui, je serai sans pitié, parce qu’au lieu de trouver en vous, comme je l’avais cru, cet amant que je rêvais depuis si long-temps, ce démon charmant, moqueur et hardi, avec qui je voulais rire, entre deux baisers, rire de tous ces niais qui, dupes de mon masque, me vénèrent, s’attellent à ma voiture ou se tuent pour moi, rire de ces pieuses grandes dames qui garantissent ma vertu… rire de tout… et de tous enfin… et c’est de vous maintenant, que je serais, pardieu ! tentée de rire, grâce au ridicule dont cet homme vous couvre !… Oui, je serai d’autant plus impitoyable, que j’ai davantage espéré… Il ne fallait pas me monter la tête… malgré moi, ou plutôt malgré vous, car, Dieu me damne ! je commence à croire, pauvre innocent, que vous ne l’avez pas fait exprès… il ne fallait pas me faire entrevoir la délicieuse et hautaine figure du pâle don Juan, de ce roué intrépide et charmant, pour laisser à sa place je ne sais quel petit jeune homme piteux, honteux, que M. son père