Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/378

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Le vicomte, ainsi que son père et le monde, ignoraient que Mme Wilson, cette vaillante femme, avait sacrifié un amour vif et partagé pour s’unir au comte Duriveau, dans le seul but d’assurer ainsi l’union de Raphaële et de Scipion ; mais pour ceux qui n’avaient pas le secret de cet admirable dévoûment, et qui supposaient Mme Wilson éprise du comte Duriveau, il n’était pas présumable que cette femme, déjà obligée de renoncer au mariage de sa fille par le refus de Scipion, renoncerait à son propre mariage à elle, qui, lui apportant une fortune énorme, pouvait servir plus tard les intérêts de Raphaële.

Basquine, en présentant les choses sous ce point de vue, en apparence si raisonnable, voulait démontrer à Scipion l’incertitude de la seule vengeance qu’il comptait exercer contre son père ; aussi, cédant malgré lui à l’évidence de ce raisonnement, le vicomte répondit à Basquine avec une rage concentrée :

— Soit, ma vengeance n’est pas certaine, mais elle est possible…

— Et la mienne serait inévitable, terrible… — dit Basquine avec un accent de conviction et d’autorité qui frappa Scipion… — Oui, terrible… car, ce ne serait plus seulement Mme Wilson qui refuserait d’épouser votre père, mais votre père lui-même, entendez-moi bien, qui, malgré son ardente et folle passion, serait forcé de refuser d’épouser Mme Wilson…

— Que dites-vous !

— Oui, je sais un moyen immanquable d’empêcher le mariage de votre père, et… affreux désespoir, tor-