Aller au contenu

Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/379

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ture horrible pour cet homme, c’est lui qui sera forcé de dire : — le mariage est impossible !!

— Oh ! si cela se pouvait ! — s’écria Scipion, palpitant de haine ; puis il reprit : — Mais non, vous vous raillez de moi, Basquine !

— J’en étais sûre, — dit-elle avec un éclat de rire sardonique, — il ne veut pas me croire… parce qu’il a peur !

— J’ai peur !… — dit Scipion d’une voix convulsive, — parlez… et si vous avez dit vrai…

— Mon Dieu ! — reprit Basquine en souriant, — ne prenez donc pas cet air sinistre… Ne dirait-on pas qu’il s’agit de quelque crime ténébreux… Non, il s’agit tout simplement d’une rouerie diabolique… et qui vous serait d’ailleurs d’autant plus permise que, cette fois encore, vous pourriez dire à votre père : J’imite votre exemple : ce que je fais… vous l’avez fait !

Scipion regarda Basquine avec surprise.

— Oui, reprit-elle, — plus j’y songe, plus le tour me paraît piquant… adorable… Que dis-je ! un tour… c’est une leçon… et des meilleures, et, comme disent les bonnes gens, des plus providentielles ! Oh ! si nous pouvions lui rendre au centuple, à cet homme, la sanglante leçon qu’il vous a donnée aujourd’hui, ne serait-ce pas charmant ? Alors, je l’avoue… vous seriez un géant d’audace auprès de lui… Nous serions tous deux vengés, je raffolerais de vous, et…

— Basquine… vous me tuez avec vos réticences…

— Voyons… écoutez-moi, impatient démon… Il faut d’abord que vous sachiez qu’il y a peu de jours, en