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— Et aussitôt après, c’est Madame qui s’enveloppe d’un manteau, et sort à pied par la grande porte, afin d’aller rejoindre le fiacre que tu avais été lui chercher, et qui l’attendait au bout de la rue…

— Qu’est-ce que tout cela signifie ? Astarté.

— Je n’en sais rien… et malgré moi je suis inquiète… Il me semble qu’il va se passer quelque malheur. Je n’ai jamais vu à Madame l’air qu’elle avait tout-à-l’heure, en écrivant une lettre qu’elle a emportée avec elle.

— À dire vrai, lorsque je suis rentré lui annoncer que le fiacre l’attendait au bout de la rue, Madame, ordinairement si pâle, avait les joues pourpres ; son regard brillait si fort, que je n’ai pas osé, en lui répondant, la regarder en face.

— Et puis, pendant qu’elle écrivait, elle avait l’air de rire toute seule… Mais, quel rire !… ses lèvres se relevaient, et on voyait en dessous ses petites dents blanches serrées comme si elle eût été en convulsion.

— Tiens, Astarté, je suis comme toi… j’ai peur… Il doit se passer quelque part… quelque chose de diabolique… Et tout n’est pas encore fini pour aujourd’hui.

— Comment ?

— Ce Monsieur qui doit venir entre cinq et six heures… à qui tu dois remettre la lettre que Madame t’a donnée.

— C’est vrai, la voilà, cette lettre — dit Astarté en la prenant sur la cheminée. — Tout cela m’a tellement bouleversée que je n’ai pas seulement regardé l’adresse… pour savoir le nom…