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vicomte Scipion. Une réponse affirmative ayant été donnée, Basquine s’était fait conduire chez le comte Duriveau ; et, bien certaine qu’il serait chez lui, attendant son fils, elle avait fait remettre par le cocher une lettre écrite d’avance, et qui devait être à l’instant même portée au comte.

Cette lettre était ainsi conçue :

« Allez chez Mme Wilson, vous apprendrez que Scipion vient de sortir avec elle… abusant de sa confiance, il la conduit rue du Marché-Vieux, pour se venger de vous

» Souvenez-vous de la princesse de Montbar, et devinez le reste…

» Tel père, tel fils. »

Puis, cette lettre confiée au concierge de l’hôtel du comte, Basquine avait ordonné à son cocher de la mener rapidement rue du Marché-Vieux, pendant que Martin s’y rendait de son côté en toute hâte.

En parcourant ce même chemin que, plusieurs années auparavant, il avait suivi, amenant un vengeur à Mme de Montbar, attirée dans un piège odieux, tendu par M. Duriveau, Martin se croyait sous l’obsession d’un rêve pénible. Par quelle fatalité, se demandait-il, cette même maison, et sans doute le même appartement qui avait été le théâtre d’une action infâme du comte Duriveau, devait-il être aussi le théâtre de la vengeance de Basquine ?

Bientôt, Martin se souvint avec effroi que, lors de sa dernière entrevue avec Basquine, il lui avait raconté (selon son habitude de ne rien cacher à ses deux amis d’enfance, sur la discrétion absolue desquels il avait cru jus-