l’antichambre, je fus saisi de l’expression de sa physionomie.
J’avais vu la princesse partir avec Mme Wilson, riante, la joue animée, l’œil brillant, le front superbe ; je la voyais rentrer morne, pâle, la fatigue et l’ennui peints sur tous les traits…
Le docteur Clément ne se trompait donc pas ? Cette ardeur de plaisir, qui entraînait la princesse au milieu des fêtes, était donc véritablement factice ? En présence de Mme Wilson, comme en présence du monde, Régina avait donc, ainsi qu’on le dit vulgairement : Fait la brave. Et à cette heure que, rentrant chez elle, il lui était inutile de feindre, elle retombait dans son douloureux abattement… ou bien avait-elle déjà été atteinte par la vengeance du comte Duriveau ?
Ces pensées me vinrent si rapides, qu’elles s’étaient présentées à mon esprit pendant le temps que mit Régina à gagner son parloir. Après avoir jeté son manteau sur un fauteuil, elle me dit :
— Vous n’oublierez pas, ainsi que je vous l’ai recommandé, d’aller demain matin, à huit heures, vous informer des nouvelles de mon père…
— Je ne l’oublierai pas, Madame la princesse.
Régina ne me donnant pas d’autre ordre, je m’éloignai ; elle me rappela et me dit :
— Comme vous ne serez peut-être pas revenu à l’heure où je voudrai sortir, vous recommanderez à la porte que l’on me fasse avancer un fiacre pour huit heures et demie…
— Alors, Madame la princesse ira chez la femme Lallemand ? — dis-je à Régina.