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— Je porterai cette réponse à Madame la princesse, qui en sera sans doute affligée.

— C’est probable, — me dit brusquement le mulâtre en me tournant le dos, après m’avoir du geste montré la porte-cochère, car ceci se passait sur le perron du vestibule.

J’allais me retirer, lorsque je vis venir le baron du fond de l’antichambre ; il portait une robe de chambre de flanelle grise et s’appuyait sur une canne ; il me parut encore plus abattu, plus cassé que lorsque je l’avais vu une année auparavant à la porte du Musée. La même farouche expression de tristesse contractait les traits du vieillard.

En entendant les pas traînants de son maître, Melchior parut vivement contrarié aussi, quoiqu’il m’eût impérieusement répété à voix basse :

— Allez vous-en… allez vous-en.

Je restai, et j’entendis le baron dire à Melchior en m’apercevant :

— Melchior… Quel est cet homme ?

— Allez vous-en donc, — me répéta encore tout bas le mulâtre.

Puis se retournant vers son maître, il lui dit d’un ton de reproche affectueux :

— Rentrez donc, Monsieur le baron… il fait très-froid ce matin… Venez, venez.

Et il fit un pas pour emmener le baron, qui lui obéissait machinalement, lorsque, m’approchant, je dis à haute voix à M. de Noirlieu :

— Je viens de la part de Mme la princesse de Montbar m’informer des nouvelles de M. le baron.