Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/450

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immobile… les traits bouleversés par la stupeur que lui causait cette apparition inattendue… terrible… car elle lui rappelait et son infâme tentative sur Régina et le meurtre de Scipion, qu’il avait frappé, alors que ce malheureux enfant allait se rendre coupable du même crime sur Mme Wilson.

Ignorant la présence de Just et de Régina, le comte revenait à l’instant de visiter des travaux au-dehors ; sa figure était presque méconnaissable ; ses cheveux tout blancs encadraient son visage creusé par la douleur, par les remords… Sa taille, naguère encore droite et svelte, s’était voûtée ;… enfin la physionomie navrée, l’attitude brisée de ce malheureux, trahissaient son incurable désespoir.

— Ah !… venez… Régina… venez… — s’écria Just avec aversion à l’aspect du comte ; puis saisissant vivement le bras de sa jeune femme, il fit un pas pour sortir avec elle, en disant : — La présence de cet homme… dans cette noble maison… c’est presque un sacrilège !!

Claude Gérard, arrêtant Just au moment où il allait s’éloigner, lui dit d’une voix grave et pénétrée :

— C’est M. Duriveau… qui a fait tout le bien… que vous venez d’admirer… Monsieur.

— Lui !… — s’écria Just, à son tour immobile de surprise.

— Lui… — répéta Claude ; — il a été bien coupable… mais il a beaucoup expié…

— Le comte Duriveau !… — répéta Just comme s’il ne pouvait croire à ce qu’il entendait, tandis que le père