Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/453

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— Claude Gérard le sait… — dit Martin, — c’est un grand cœur aussi… et il vous aime… mon père… il vous respecte…

Le comte tendit la main à Claude, et après la lui avoir affectueusement serrée, il s’assit sur le mur d’appui de la galerie comme s’il eût senti ses forces faiblir après une si vive émotion ; puis il parut absorbé dans ses pensées.

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Claude Gérard, se rapprochant alors de Martin, lui dit à demi-voix :

— Tu étais là… toi… dont Régina a toujours ignoré le dévoûment sublime ! Du moins… je lui ai rappelé ton nom.

— Comment ? — dit Martin avec émotion.

— Et Martin… Monsieur Just ?… ai-je dit au mari de Régina ; ce fidèle serviteur que votre digne père avait placé auprès de Madame ? Qu’est-il devenu ?

— Il nous a quittés dans un voyage que nous avons fait dans le Nord, — a répondu Régina.

— Oui… je vous l’ai dit, Claude… — reprit Martin, — mes forces étaient à bout… Cette malheureuse passion ne s’était pas assoupie… et la vue du bonheur enivrant de Régina… avait, je l’avoue à ma honte, épuisé mon courage… J’ai préféré redevenir artisan… jusqu’au moment où j’aurais assez gagné pour revenir en France.

— J’ai regretté Martin, — m’a dit ensuite Régina, — c’était un serviteur probe et zélé…

— Un serviteur… probe… et zélé… — dit Martin avec une résignation mélancolique. — Voilà le seul souvenir qu’elle conservera de moi !