Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/452

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Lorsque M. Duriveau sentit ses deux mains presque affectueusement pressées par Just et par Régina, ses larmes coulèrent malgré lui, il ne put que dire d’une voix étouffée :

— Merci ! oh ! mon Dieu ! merci…

— Adieu, Monsieur… — reprit Just, — comptez sur deux amis… de plus… qui maintenant ne prononceront votre nom… qu’avec le respect qu’il mérite.

Les chevaux des deux voyageurs arrivèrent.

Après un dernier et triste regard adressé au comte, Just aida Régina à monter dans la voiture, qui s’éloigna bientôt… laissant M. Duriveau immobile à sa place.

Cette scène touchante avait eu un témoin caché…

C’était Martin…

Il n’avait osé reparaître devant Régina ; abrité derrière le pilier d’une des arcades, il avait tout vu… tout entendu…

Claude Gérard, essuyant ses yeux du revers de sa main, ramassa le bouquet que Régina avait laissé tomber.

Dès que la voiture fut éloignée, Martin courut à son père, et, se jetant dans ses bras, lui dit :

— Courage… mon père, courage… vous les avez entendus, ce sont deux amis de plus… Ah !… croyez-moi, avoir conquis de telles amitiés, c’est une noble et généreuse consolation !!…

— Oh ! oui… — reprit le comte en embrassant son fils avec effusion, — cela m’a fait du bien de m’entendre dire cela… devant toi… — Puis baissant la tête avec un nouvel et morne accablement, M. Duriveau murmura à voix basse :

— Hélas !…ils ne savent pas… que j’ai tué mon fils…