Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/46

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— Ah ! Monsieur Martin, bien le bonjour, je ne m’attendais pas à vous rencontrer sitôt, et surtout de si matin…

— En effet, Madame, il est à peine neuf heures.

— C’est ce qui me désole, car il faudra que j’aille au diable vert pour trouver un fiacre ; dans cette saison ils n’arrivent sur place que fort tard, et Monsieur en attend un avec une impatience de damné.

— Comment ? lui qui a tant de chevaux, il sort en fiacre ? et c’est vous qu’il envoie chercher une voiture, tandis qu’il a tant de domestiques ?

— Je ne suis pas non plus la seule à le chercher, ce maudit fiacre ! le maître-d’hôtel et le valet de chambre sont à la recherche de leur côté. Dam… c’est qu’un fiacre, dans notre quartier à cette heure, et le lendemain d’un dimanche encore, c’est aussi rare qu’un merle blanc.

— Si votre maître est si pressé, que ne fait-il atteler une de ses voitures ?

— Il a ses raisons, sans doute, pour préférer un fiacre… il y a quelque chose là-dessous… Balard m’a dit qu’une lettre sur gros papier, pareille à la lettre d’hier soir, vous savez…

— Parfaitement ; c’était très-drôle… cette grosse lettre cachetée avec du pain mâché, et qui a rendu votre maître si content.

— Eh bien ! il en est arrivé une autre toute pareille, ce matin à huit heures, avec recommandation au commissionnaire d’éveiller tout de suite Monsieur ; alors carillon d’enfer, et ordre de lui trouver un fiacre à tout prix… sans compter que Balard m’a dit que la joie