Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/49

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Ceci explique mon embarras à l’endroit de trouver un moyen de secourir la princesse ; malheureusement encore le prince était absent… lui, le défenseur naturel de sa femme. À qui donc m’adresser ?

Une étreinte de jalousie involontaire me brisa le cœur… Je venais de songer au capitaine Just.

Donner à un autre… à un autre… jeune, beau… brave et généreux, le moyen de sauver la femme que l’on aime avec la plus folle passion… il faut pour cela plus que du courage… J’eus ce courage.

En réfléchissant ainsi, j’étais arrivé à la place de fiacres du quai Voltaire, je ne m’étais pas trompé, j’y vis deux voitures… et le cocher de l’une d’elles était… Providence inespérée !… l’excellent homme qui m’avait autrefois empêché de mourir de faim, et qui avait reconduit Régina chez elle, après la scène du faux mariage.

— Bonne journée pour moi… puisque je vous rencontre ce matin, mon brave, — me dit joyeusement Jérôme, en me tendant la main, — voilà du temps que…

— Il y va de la vie de quelqu’un que j’aime comme ma mère, — dis-je à Jérôme, en l’interrompant ; et m’élançant dans sa voiture, — je n’ai pas le temps à présent de vous dire un seul mot… Avez-vous sur vous du crayon, du papier ?

— Voilà le portefeuille où j’inscris mes courses, — me dit Jérôme en me remettant cet objet.

— Maintenant, — reprit-il, — où allons-nous ?

— Rue Saint-Louis, en l’île… au coin du quai. Ventre à terre !

— Vitesse de chemin de fer ! — reprit Jérôme en sau-