Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

barras, et en accentuant chacune de ses paroles rapides et saccadées :

— Le docteur Clément vous a placé chez moi… je le vénérais comme un père…

Et la malheureuse femme faisait tous ses efforts pour paraître calme et dissimuler l’altération de sa voix.

— Madame la princesse sait toute ma reconnaissance pour M. le docteur Clément, — lui dis-je.

— Et c’est parce que je le sais, — reprit-elle en accueillant mes paroles avec empressement — que je suis sûre d’avance du zèle… de la discrétion que vous mettrez dans une commission qui regarde M. le capitaine Just.

Et malgré ses efforts, Régina ne put cacher sa terrible anxiété et l’espèce de honte causée sans doute par le mensonge qu’elle se voyait obligée de me faire.

— Ce matin… — reprit-elle, — j’ai appris… par hasard… chez une personne… de mes amies… qu’en suite de je ne sais quelle querelle… M. Just Clément… devait se battre en duel.

— Lui, Madame… oh ! mon Dieu — m’écriai-je en feignant la surprise et la crainte.

— Ce duel — reprit la princesse — doit avoir lieu… m’a-t-on dit aujourd’hui… M. Just Clément est le fils… d’un homme qui m’a toujours témoigné une affection paternelle, je suis tellement inquiète, que je voudrais savoir… s’il y a quelque chose de fondé dans ce bruit de duel…

J’eus pitié de Régina, ses forces étaient à bout, elle s’appuya sur le marbre de sa cheminée.

— Rien de plus facile, Madame la princesse, — lui dis-je. — Je vais aller chez M. le capitaine Just, il oc-