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— Mademoiselle Juliette vient de m’apprendre que vous êtes grièvement blessé, — me dit-elle, — et que telle est la cause de votre manque de service… Pourquoi ne m’avez-vous pas dit cela tout de suite ?

— Madame…

— Au fait, — reprit Régina avec bonté, — je ne vous en ai pas laissé le temps… Souffrez-vous beaucoup ?

— Un peu… Madame la princesse.

— Pourriez-vous faire quelques courses en voiture… sans trop de douleur ?

— Certainement, Madame la princesse…

Et comme Régina, dont l’angoisse était visible, hésitait à continuer, je lui dis :

— Je n’ai pu apprendre à Madame la princesse que j’avais vu ce matin M. le baron de Noirlieu.

— Vous avez vu mon père ? — s’écria-t-elle, surprise. — Vous l’avez vu…

— Oui, Madame la princesse.

Et je lui racontai mon entrevue avec le baron et Melchior.

Quoique Régina cachât l’émotion qu’elle ressentait, en apprenant avec quel intérêt son père s’était d’abord informé d’elle, je vis une larme, de bonheur sans doute, briller dans ses yeux ; son visage, si contracté, se détendit pendant un instant ; puis, la pendule ayant sonné une heure, la princesse tressaillit, redevint sombre, inquiète, et dit vivement :

— Une heure… mon Dieu !… déjà…

Elle pensait au duel du capitaine Just.

Alors, d’une voix brève, elle me dit, non sans em-