Cela m’effraie,… non à cause des hauteurs, des duretés dont le prince peut m’accabler ; M. de Montbar, que j’ai vu sortir ivre d’un bouge ignoble, où il avait passé la nuit, ne peut pas m’humilier. J’ai toujours été par le cœur au-dessus de ma condition, si malheureuse qu’elle fût,… et j’ai vu ce grand seigneur, mon maître… crapuleusement tomber au-dessous de la sienne ;… mais il ne s’agit pas ici de supériorité morale ;… je suis le valet de cet homme… il peut me renvoyer de chez lui.
Il me faudra donc, à force de prévenance, de zèle, de soumission, tâcher de vaincre l’espèce d’antipathie que j’inspire à M. de Montbar, afin qu’il me garde à son service.
Le calice est souvent bien amer.
Quelle matinée !… j’ai cru devenir fou.
Il est onze heures du soir… je viens de rentrer ; je ne saurais dire quels quartiers j’ai parcourus,… cette course folle m’a harassé ; je suis brisé de fatigue, mais plus calme.
Souvenons-nous… si je l’ose.
Je me suis levé de bonne heure, je suis allé chez le baron de Noirlieu. — Mon maître est toujours dans le même état, — m’a répondu Melchior. Je suis rentré, et, ainsi que nous disons, nous autres domestiques, je me suis occupé de faire l’appartement de ma maîtresse.