Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

11 février 18…

Non, il ne faut pas fuir… ce serait lâche, ce serait indigne.

Régina a besoin de moi… plus encore peut-être que par le passé… mes pressentiments ne me trompent pas… ils sont trop douloureux pour cela… Régina aime… ou elle aimera le capitaine Just

En présence de l’influence effrayante qu’un tel amour peut avoir sur le repos… sur la destinée de Régina… il ne m’est pas permis de fuir ; mon dévoûment peut lui être utile encore

Mais que faire, mon Dieu ! que faire ? je suis homme… je suis jeune, j’aime éperdûment, et elle est toujours là !

— Que faire ? dompte-toi, brise-toi !… ferme les yeux à ce qu’il y a de rayonnant dans la beauté de ta maîtresse, ferme tes oreilles à ce qu’il y a de trop séduisant dans sa voix, étouffe les palpitations de ton cœur, éteins l’ardeur de ces désirs qu’enflamment un mot, un regard, un mouvement de cette femme que tu dois vénérer… et que tu outrages… par de coupables imaginations ; noie ce honteux amour dans le ridicule amer, sanglant, atroce, qui doit jaillir pour toi de cette pensée :

— « Un valet amoureux de sa maîtresse… et surtout lorsque cette maîtresse est la fière princesse de Montbar. »

Fais mieux… souviens-toi des austères enseignements de Claude Gérard, médite sur ces deux mobiles de toute âme virile et généreuse :