Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/101

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— Quel mien ?

— Je vous le dis depuis une heure, le scélérat que vous traquez.

Bamboche !! — s’écria Beaucadet stupéfait.

— Comment Bamboche ?… — reprit Dumolard outré, — c’est ainsi que vous prenez ma déposition… vous la traitez de bamboche !

— Mais, énorme sans-culotte ! c’est le nom de mon brigand !

— S’appeler ainsi quand on fait un tel métier… c’est une raillerie atroce, — murmura Dumolard.

— Et mes gendarmes l’ont salué !

— Parbleu ! ils l’ont pris pour un chasseur, — ajouta M. Dumolard ; — sont-ils assez stupides.

— Ah ! Bamboche, tu es un fier gueux, — s’écria M. Beaucadet avec une indignation concentrée, — abuser ainsi des effects, du cheval et de la perruque de ce gros Monsieur,… te faire saluer par mes hommes,… toi gredin, toi évaporé des prisons de Bourges,… toi grand brigand,… ah ! c’est dégoûtant, tu me paieras celle-là…

— Raphaële !… mon enfant !… qu’as-tu ?… — s’écria Mme Wilson, en soutenant sa fille qui s’évanouissait dans ses bras, — mon Dieu !… elle se trouve mal !… au secours !…

À cette nouvelle péripétie, l’attention, fixée naguère sur M. Alcide Dumolard, changea de nouveau d’objet : tous les regards se portèrent avec autant de surprise que de compassion sur Mme Wilson et sur sa fille.

Peu apitoyée, il faut le dire, non plus que sa mère, par la ridicule aventure de Dumolard, Raphaële