Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/102

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cédait enfin à la violence de ses poignantes émotions, long-temps et courageusement contenues ; son doux et beau visage se décolorant peu-à-peu, devint bientôt d’une blancheur d’albâtre ; à ses longues paupières fermées étaient encore suspendues quelques larmes brûlantes ; quoique sa mère, qui n’avait pu la retenir à temps, la soutînt toujours de son mieux, la jeune fille était tombée sur ses genoux, sa tête alanguie penchée sur son épaule… La commotion de cette chute ayant fait rouler à terre son chapeau d’homme, les admirables cheveux bruns de Raphaële se dénouèrent, et l’enveloppèrent à demi de leur soyeux réseau,… tandis que sa mère, qui venait de s’agenouiller aussi pour la mieux maintenir, la serrait entre ses bras et la couvrait de baisers et de pleurs.

La menaçante indignation des paysans, déjà sinon calmée, du moins déroutée par la grotesque apparition de M. Dumolard, s’évanouit pour ainsi dire au milieu de ces péripéties d’un caractère si différent, et ils oublièrent de nouveau leur violent ressentiment contre Scipion, émus du doux et touchant tableau qu’offrait Mme Wilson éplorée, serrant contre son cœur sa fille sans mouvement.

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Un quart-d’heure après ces événements, au moment où le soleil se couchait dans un ciel d’une grande sérénité, trois groupes, bien différents d’aspect, quittaient les bois où avait eu lieu la chasse.

Une calèche rapide, suivie de domestiques tenant des chevaux de main, emportait Raphaële Wilson ; sa mère la soutenait dans ses bras, pendant que M. Du-