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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/115

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— Attends donc, — reprit la Robin ; — avec ce froment on ferait du pain blanc superbe, n’est-ce pas ?

— Ah ! mais oui !

— Avec ce beurre et ces œufs frais ? une belle grosse omelette.

— Pardi !

— Avec ce lait ? une bonne soupe.

— Oh ! oui…

— Avec le brochet et les carpes coupés en tronçons, une fière friture ?

— Oh ! oui, oh ! mais oui.

— Et ces oies rôties feraient un fameux manger.

— Étant petit, j’en ai beaucoup gardé, des oies ; mais je n’en ai jamais goûté ; ça doit être un grand fricot.

— Ainsi, — reprit la Robin d’un air de plus en plus triomphant, — ainsi il y a ici, tout près de nous, de quoi faire du pain blanc, de la soupe au lait, une omelette, un rôti d’oie ou de dinde, une friture, et même après une belle galette, puisqu’il y a farine, œufs et beurre ; voilà un souper, j’espère.

— Un vrai souper de noces ! Il faut se marier pour en faire un pareil dans sa vie… mais, le sort ?… où que ça prouve notre sort ?

— Ça le prouve, — répondit magistralement la Robin. — ça le prouve, puisqu’à côté de ces bonnes choses nous allons manger notre pâtée… de Carabin[1] et de caillé.

  1. On appelle ainsi le blé noir ou sarrasin en Sologne.