Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/125

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jours riant ; — toi pas si bête de quitter notre étable la nuit.

Et Simon embrassa bruyamment la repoussante créature, en répétant :

— Toi, pas si bête que de quitter l’étable la nuit.

— Non, elle, pas si bête, — ajouta le voisin de gauche, en embrassant à son tour et non moins familièrement, non moins plantureusement la Robin sans paraître nullement exciter la jalousie de Simon, pendant que le petit vacher restait indifférent aux grossières plaisanteries qu’il entendait ; car nous n’entreprendrons pas de rapporter la conversation naïvement cynique, dont les baisers retentissants, donnés à la fille de ferme par les deux charretiers, furent le signal, conversation qui se prolongea jusqu’à ce que la nuit fût à-peu-près venue.

Alors ce qui restait de caillé et de blé noir dans la terrine, fut placé par le petit vacher en dehors de l’étable, sur une auge qu’il recouvrit d’un seau : c’était le souper de Bruyère, dont le retard à paraître étonnait un peu, mais n’inquiétait pas les gens de la ferme. Comment s’inquiéter d’une créature charmée ?

Les portes délabrées de l’étable fermées, les deux charretiers, la fille de ferme et le petit vacher se couchèrent pêle-mêle sur la même litière, vêtus comme ils l’étaient, se pressant les uns contre les autres pour avoir chaud, celui-ci se couvrant avec un lambeau de couverture, celui-là avec une mauvaise roulière ; car lits, draps et couvertures sont choses généralement inconnues aux races agricoles.

Quant aux incidents obscènes que couvrent souvent