Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Bruyère, de plus en plus troublée, inquiète, contint sa curiosité dévorante, et se tut, craignant de rompre le fil si faible, si vacillant, qui reliait les pensées incertaines du vieillard.

— Tu sais bien, — reprit-il après quelques moments de silence, pendant lesquels il parut recueillir ses souvenirs, — tu sais bien, les ruines du fournil,… sur la berge de l’étang, derrière la métairie.

— Hélas ! — murmura Bruyère à ces paroles, dont l’incohérence apparente semblait ruiner de vagues espérances trop tôt conçues, trop tôt acceptées.

— Oui, — reprit le vieillard, — c’était bien… comme cela dans mon rêve… Au fond de ce fournil abandonné… il y avait un four, dont l’entrée était bouchée, alors,… attends que je me rappelle. Oui, c’est bien cela ;… alors, en enlevant une brique, je cachais, dans ce four abandonné, ce… que m’avait remis… la personne,… en me disant… — Pour donner cela… à cette enfant… que vous appellerez… Bruyère, vous attendrez qu’elle ait,… vous attendrez… c’est pour cela… que jusqu’ici… je ne… l’avais rien dit… et aujourd’hui je parle… parce que… parce que… Hélas ! mon Dieu !… je… ne sais plus,… je ne me rappelle plus, — murmura le vieillard, dont la voix, d’abord assez sonore, se voilait de plus en plus.

Il y avait un fait si précis dans cette révélation du vieillard, que Bruyère s’écria :

— Cet endroit dont vous parlez,… ces ruines du fournil,… je le connais,… m’est-il permis d’y aller chercher ce que vous y avez caché ? Cela a-t-il rapport