Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/286

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noncer le nom pour la première fois depuis son arrivée en Sologne, était traqué de tous côtés, Martin, malgré les émotions qui l’agitaient, tressaillit de surprise ; les paroles expirèrent sur ses lèvres.

Frappé de l’expression de ses traits, le comte lui dit :

— Qu’avez-vous donc, Martin ?

— Rien, Monsieur le comte… rien… Je me sens un peu faible… le sang que j’ai perdu, sans doute…

— Avez-vous au moins pu le bien dévisager, le brigand ? — demanda M. Chandavoine.

— Oui, Monsieur, — reprit Martin, — il était très-petit, très-brun… et très-jeune… dix-huit ou vingt ans au plus, — ajouta Martin avec assurance, — il portait une blouse blanchâtre et une casquette.

— Ce n’est pas là le signalement de Bamboche, — dit M. Chandavoine, — mais puisqu’il portait un pistolet, ça ne peut être qu’un assassin.

— Un assassin ! Et pourquoi diable voulez-vous qu’on m’assassine, mon cher Monsieur ? — dit le comte avec une dédaigneuse insouciance, — à moins que ce ne soit quelque voleur de bois que j’aurai fait arrêter, quelque maraudeur poursuivi par mes gardes. Et encore cette race lâche et abrutie n’a pas même l’énergie de la vengeance. Allons, Messieurs, ceci ne vaut pas la peine de vous occuper un instant : c’est l’affaire du brave Beaucadet, le maréchal des logis de gendarmerie, que je ferai venir demain pour entendre ma déposition… Martin, allez vous faire panser… Vous êtes, je crois, un bon serviteur… Quant au misérable qui