Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/288

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Soudain, au milieu d’un assez grand tumulte, on vit, à l’extrémité de l’une des allées du jardin d’hiver, déboucher M. Chalumeau, pâle, effaré, courroucé, tenant rudement par le bras Mme Chalumeau, confuse, éplorée, et qui, la tête baissée sur sa poitrine bondissante, aurait voulu, ainsi qu’on le dit vulgairement, « être à cent pieds sous terre. »

Immédiatement après les deux époux venait Scipion, l’air insolent et railleur, les mains plongées dans les poches de son pantalon, et, à quelque distance derrière lui, s’avançaient les autres convives du comte, tellement stupéfaits de l’aventure et de l’audace du vicomte, qu’ils gardaient un profond silence, çà et là interrompu par un bourdonnement de paroles échangées à voix basse.

— Monsieur le comte ! — s’écria M. Chalumeau d’une voix tremblante de colère, en s’approchant du père de Scipion, — c’est une indignité !… et je vous en rends responsable…

— Puis-je savoir, Monsieur ?…

— Je vous dis que vous en êtes responsable, Monsieur le comte ! — s’écria l’électeur infortuné en interrompant M. Duriveau. — Oui, vous êtes cause et responsable de tout ; car lorsqu’on possède un fils comme le vôtre… Monsieur, on l’enferme… oui, Monsieur, on le séquestre lorsqu’on reçoit des dames.

— Mais, Monsieur…

— Mais, Monsieur, — s’écria l’électeur avec indignation, — savez-vous… ce qui vient de se passer ? Savez-vous ce qu’il vient de m’arriver. Monsieur ? Savez-vous où j’ai trouvé mon épouse, Monsieur ?