Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/374

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ment traînée devant un tribunal, accusée d’infanticide ? Du haut de l’empyrée, d’où tu aperçois les signes d’une émancipation prochaine, vois-tu, à côté des figures pâles éplorées de ta mère et de ta sœur, vois-tu les figures insolentes et impitoyables du comte et de son fils, crossant du pied leurs victimes ?

— Oui… Claude… je vois les tristes et douces figures de ma mère et de ma sœur ;… oui, Claude, durant notre long entretien, ces figures chéries ont été là sans cesse devant mes yeux.

— Même quand tu parlais de ramener Duriveau et son fils à des sentiments généreux ! — s’écria le braconnier.

— Surtout à ce moment, mon ami, car je compte sur ma mère… sur ma sœur,… pour m’aider à rendre le comte et son fils dignes un jour… de nous serrer la main… Claude.

— Tu n’y songes pas, — s’écria le braconnier avec stupeur ; — ta mère… ta mère est…

— Ma pauvre mère… est folle, — dit Martin d’une voix douce et ferme ; — je rendrai la raison à ma mère…

— Et l’honneur à ta sœur ?…

— Et l’honneur à ma sœur…

Martin parlait avec un accent, avec une autorité de conviction si profonde, si imposante, qu’un moment ses espérances… furent partagées par le braconnier… mais soudain se reprochant cette faiblesse, il reprit : Tu railles… adieu…

— Claude… — s’écria vivement Martin, avec un accent de douloureux reproche, — je parle de ma