Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/375

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mère… de ma sœur ;… de ma mère, privée de sa raison ; de ma sœur… déshonorée… et vous dites que je raille ?

— Pardonne-moi, — dit le braconnier, en tendant sa main à Martin, — pardonne-moi… non, non, vaillant et généreux cœur… non… tu ne railles pas ; mais… tu t’abuses… Arriver aux fins que tu proposes… serait… mais non… non, c’est impossible ; encore une fois, tu t’abuses… Ton illusion est sacrée… je la respecte… mais moi…

— Un dernier mot, Claude… Mon illusion, respectez-la… pendant un mois, à partir de ce jour…

— Que veux-tu dire ?

— Promettez-moi de ne rien tenter contre le comte pendant ce mois…

— Et ensuite ? Et si tu t’es abusé, pauvre et noble cœur ? Et si cette maladie que tu crois guérir est incurable ? Et si cet homme persiste fatalement dans le mal, que feras-tu ? car, enfin si j’admets ta supposition,… admets les miennes !

La figure de Martin, jusqu’alors calme, douce et triste, devint sombre, sinistre, et, après quelques moments de réflexion, il reprit :

— Cela est juste, Claude,… je dois admettre aussi vos suppositions…j’ai aussi quelquefois pensé, je vous l’avoue, pensé… avec terreur, que le mal a d’effrayantes fatalités.

— Et dans ces heures désespérées — dit le braconnier avec une satisfaction farouche — quel était ton projet… Oui, en songeant à tout ce que Duriveau a fait souffrir à ta mère… à la détestable influence de