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CHAPITRE II.


la levrasse.


Le personnage dont je veux parler était un colporteur bien connu dans le pays et surnommé la Levrasse ; cet homme paraissait lié depuis long-temps avec Limousin ; contre les habitudes de notre vie solitaire, plusieurs fois, le soir, le colporteur était venu s’entretenir longuement et tout bas avec mon maître ; quelques gestes, quelques mots, quelques regards échangés entre eux, me firent croire qu’ils parlaient de moi, mais je n’ai jamais su le sujet de ces mystérieux entretiens ; je me souviens seulement qu’un jour le Limousin, en suite de l’une de ces conversations, me demanda d’examiner ce qu’il appelait ma relique. C’était un vieux bouton argenté et armorié que je portais au col suspendu par un bout de ficelle ; je n’ai jamais su comment, ni depuis quand je possédais cet objet, auquel j’attachais d’ailleurs peu d’importance et que je conservais par habitude ; après l’avoir regardé quelques instants d’un air pensif, le Limousin me rendit ma relique et depuis ne m’en parla plus qu’une fois, je dirai à quel propos.