Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/428

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— Grâce !

Puis je retombai accroupi, replié sur moi-même, tremblant de tous mes membres.

À ma vue, le colporteur cessa ses grimaces, me regarda d’un air surpris en se rapprochant de plus en plus de moi, tandis que son âne noir, s’arrêtant en même temps que lui, allongeant sa grosse tête auprès de la mienne, me flairait avec inquiétude.

— Que fais-tu là ? si loin de chez ton maître ? — me dit la Levrasse.

Je n’osai pas répondre.

— Est-ce que Limousin est par ici ?

Même silence de ma part.

— Répondras-tu ! — s’écria le colporteur d’une voix courroucée en se baissant vers moi, et me secouant par le bras.

Saisi de frayeur, j’eus recours à un mensonge.

— Mon maître m’a chassé, — dis-je d’une voix tremblante.

— Pourquoi ?

— Parce que,… parce que… j’étais paresseux.

Le colporteur ne me quittait pas du regard ; sans doute il soupçonna mon mensonge, car il reprit d’un air de doute :

— Limousin t’a renvoyé parce que tu étais paresseux ? c’est singulier, il ne s’est jamais plaint à moi de ta paresse ;… du reste, il y a bien cinq ou six mois que je n’ai vu ton maître, — ajouta-t-il en réfléchissant ; puis il reprit :

— Tu es donc devenu un mauvais sujet, un paresseux ?