Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/432

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


La belle Bourbonnaise
A, ne vous en déplaise,
Le cœur chaud comme braise, etc.
Ha ha ha hi hi.


J’ignore pendant combien de temps nous marchâmes ainsi dans les bois ; seulement par deux fois au bruit du clapotis de l’eau, je m’aperçus que l’âne traversait des gués, pendant que la Levrasse les franchissait sans doute sur des passerelles, car alors sa voix semblait s’éloigner.

Après avoir ainsi marché pendant deux ou trois heures environ, l’âne s’arrêta tout-à-coup.

J’entendis le bruit d’une sonnette agitée violemment, et au bout de quelques instants, une grosse voix virile et, enrouée demanda d’un ton bourru :

— Qui est là ? qui vient frapper à cette heure ?

— Moi… mère Major, — répondit la Levrasse, car la voix sonore et formidable à laquelle il répondait, appartenait à une femme.

— Oui, c’est moi, la vieille, — reprit la Levrasse.

— Qui ça, toi ?

— Mais moi, moi, ton homme, — s’écria la Levrasse courroucé, — ne me reconnais-tu pas ?

— Tonnerre de Dieu ! c’est toi ? Qui diable pouvait t’attendre, par un temps pareil ;… toi et Lucifer, vous avez l’air de deux tas de neige, je descends… mon fils, je descends…

Bientôt j’entendis le bruit traînant d’une lourde porte qui s’ouvrait ; l’âne avança avec précaution, car nous descendîmes une pente rapide, puis il s’arrêta.

La voix de la Levrasse s’éleva de nouveau.