Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/451

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— Pourquoi m’en veux-tu ?… je ne t’ai jamais fait de mal.

— Ça m’est égal.

— Tu es donc méchant… toi ?

— Va-t’en !…

— Je t’en prie… écoute moi…

— Tiens !! tu en veux… empoigne !

Et Bamboche, dont je ne me défiais aucunement, s’élança avec l’agilité d’un chat ; plus robuste que moi, il me terrassa, puis d’une main me saisissant à la gorge, sans doute pour étouffer mes cris, de son autre main il me frappa au visage, à la poitrine, partout où il le put.

D’abord étourdi de cette brusque attaque, je n’essayai pas de me défendre, mais bientôt, excité par la douleur, par la colère que m’inspirait une si méchante action, je me dégageai des mains de Bamboche, je luttai, je lui rendis coup pour coup, je parvins même à renverser mon adversaire ; le tenant alors, malgré ses efforts, immobile sous mon genou, je ne voulus pas abuser de ma victoire, mais plus attristé qu’irrité de cette façon sauvage d’accueillir mes avances amicales, je lui dis :

— Pourquoi nous battre ? il vaut bien mieux être amis…

Et abandonnant l’avantage de ma position, je laissai à Bamboche la liberté de ses mouvements ; il en profita, se jeta sur moi avec une furie croissante, et me mordit si cruellement à la joue que mon visage s’ensanglanta.

La vue du sang changea la colère de Bamboche en frénésie ; ses yeux flamboyèrent de férocité, il ne me