battit plus, s’étendit sur moi et déchira mon sarreau pour me mordre à la poitrine…
Je crus qu’il allait me tuer ;… je ne fis plus aucune résistance ; ni la peur, ni la lâcheté ne paralysaient mes forces, c’était un profond désespoir, causé par la gratuite méchanceté de cet enfant de mon âge, pour qui j’avais éprouvé une sympathie soudaine.
Je n’opposai plus aucune résistance ; ma douleur morale était si intense, que je ressentais à peine les morsures aiguës de Bamboche ; je ne me plaignais pas, je pleurais en silence…
Les caractères violents, vindicatifs, s’exaspèrent toujours dans la lutte ; cette excitation les enivre ; lorsqu’elle leur manque, souvent ils s’apaisent faute de résistance : il en fut ainsi de mon adversaire : il se releva, les lèvres couvertes de mon sang et me crut évanoui.
Le soupirail de la cave projetait assez de clarté pour que Bamboche distinguât parfaitement mes traits, lorsqu’il m’eut de nouveau renversé sous lui ; je le regardais fixement et sans colère… Il m’a dit depuis, que ce qui l’avait surtout frappé, c’était l’expression de résignation douce et triste, empreinte sur ma physionomie ; il n’y trouva ni haine, ni colère, ni frayeur… mais un chagrin profond…
— Tu as les yeux ouverts… tu ne te défends pas ! et tu pleures… — s’écria-t-il, — tiens… capon.
Et il me frappa de nouveau.
— Tue-moi, va… je ne t’en voudrai pas…