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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/46

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mant, dont le brodequin noir était armé d’un petit éperon d’argent.

Les deux chasseurs, stupéfaits de tant de témérité, n’avaient pu retenir une exclamation d’effroi ; tous deux s’adressant alors à la seconde chasseresse qui semblait disposée à imiter sa compagne, s’écrièrent :

— Mademoiselle, au nom du ciel ! arrêtez…

— Je vais rejoindre ma mère, — répondit la jeune fille d’une voix douce en montrant l’autre femme.

Celle-ci, son cheval arrêté au-delà du terrible obstacle, tournait vers les spectateurs de cette scène un visage riant et légèrement coloré par l’orgueilleuse émotion du péril bravé ; mais à la vue de sa fille qui se disposait à l’imiter, elle pâlit affreusement et s’écria :

— Raphaële,… je t’en prie…

Il n’était plus temps ; la jeune fille, non moins audacieuse que sa mère, franchissait le tronc d’arbre, et en même temps, par un mouvement d’une grâce pudique, elle contenait du bout de sa cravache qu’elle tenait de la main gauche les longs plis de sa jupe, afin de l’empêcher de se relever indiscrètement, ainsi que s’était relevée celle de sa mère.