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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/467

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je faisais la roue devant lui pour qu’il me donnât un sou ; il a trouvé que j’étais leste, il m’a demandé, si j’avais des parents.

— Comme à moi.

— Je lui ai dit que je n’avais pas de parents, et que je mendiais. Il m’a dit que, si je voulais, il m’apprendrait un bon état, me donnerait de beaux habits, bien à manger, quelques sous pour moi et qu’au lieu d’aller à pied, j’irais en voiture… J’ai accepté… il m’a fait monter dans sa voiture, m’a dit que je m’appellerais Bamboche au lieu de Pierre. Depuis j’ai resté avec lui,… et j’y resterai jusqu’à ce que…

Bamboche s’interrompit.

— Jusqu’à quand resteras-tu avec lui ?

— Ça me regarde, — répondit Bamboche d’un air sombre et pensif.

— Mais cet état que la Levrasse devait t’apprendre ?

— Voilà un an que je l’apprends… Tu l’apprendras aussi… tu verras ce que c’est.

— Qu’est-ce qu’on a donc à faire ?

— Des tours de force pour amuser le monde.

— Pour amuser le monde ?

— Oui, dans les foires.

Je regardai Bamboche avec surprise.

— Eh oui… j’ai déjà travaillé en public, la mère Major me tenait par les pieds, j’avais la tête en bas, les bras croisés et je ramassais une pièce de deux sous avec mes dents, ou bien elle m’attachait une jambe à mon cou, et je pirouettais sur l’autre jambe… et d’autres tours encore…