Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/62

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joues pendantes, aux yeux éteints et bridés par l’embonpoint, au crâne étroit, que ces figures de mandarins aux joues pâles et bouffies, aux traits aplatis et effacés qu’on voit sur les vases de Chine ; le ventre énorme et les reins monstrueux de M. Dumolard, qui avait autant de dos que d’abdomen, menaçaient de rompre à chaque instant les boutonnières de sa courte redingote écarlate, enfin rien n’était plus grotesque que cette grasse et large face débordant de tous côtés une petite cape de chasse en velours noir, posée sur le sommet du crâne. M. Dumolard montait prudemment un double poney bai, d’une force herculéenne, membré comme un cheval de brasseur, qualités essentielles lorsqu’il s’agit, pour un pauvre quadrupède, d’être chevauché par une sorte de mastodonte.

Il est inutile de dire que M. Alcide Dumolard s’arrêta congrûment et modestement devant l’arbre renversé, et le vicomte Scipion lui dit alors du bout des lèvres avec un flegme impertinent :

— Allons, voyons, Dumolard, sautez donc ça, mon gros !… N’ayez pas peur, vous êtes toujours sûr de tomber sur un matelas douillet et grassouillet…

— Sauter… cela ? Allons donc, ce sont de ces jeux qu’on ne joue pas, mon très-cher, quand on a cinquante mille écus de rente, — répondit le gros homme en enflant ses joues d’un air important, et cherchant du regard un passage moins aventureux.

— En quoi vos cinquante mille écus de rente vous empêchent-ils de sauter ? — reprit Scipion en ricanant à froid, — à moins que ce soit votre fortune qui vous rende