Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/61

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ment, votre conduite est inouïe, ce soir nous causerons et…

— Dites donc, Madame Wilson ; — s’écria le vicomte sans quitter son cigare et en interrompant de nouveau son père.

— Que voulez-vous, Scipion ? — demanda la jolie veuve en se retournant, à la grande anxiété du comte.

— Quand vous voudrez voir papa dans tout son lustre, priez-le donc de vous jouer un rôle de père noble… il y est magnifique.

Un dépit et un courroux croissant contractaient les traits de M. Duriveau, mais sa figure redevint forcément souriante au premier regard de Mme Wilson, qui répondit gaîment au vicomte :

— Et vous, mon cher Scipion, vous jouez à ravir et au naturel les rôles de jeunes fous… Mais voici venir notre chaperon, il vous rappellera au besoin à tout le respect que vous devez à une femme de mon âge, étourdi que vous êtes.

Puis s’adressant à un nouveau personnage, Mme Wilson ajouta :

— Allons, allons… arrivez donc, mon frère…

Les deux femmes et les deux chasseurs s’étaient, nous l’avons dit, réunis de l’autre côté du tronc d’arbre, entourés de chiens toujours en défaut, au moment M. Alcide Dumolard, frère de Mme Wilson, parut en deçà de l’obstacle.

M. Alcide Dumolard (veuf de Mme Dumolard, veuvage qu’il portait fort allègrement) avait quarante ans, la figure imberbe, et était d’une obésité difforme. Rien ne saurait donner une idée plus juste de cette large face aux