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chasseurs s’étaient dirigés du côté de la tanière du braconnier.

Après avoir, ainsi que les autres chiens de la meute, en vain cherché de tous côtés à retrouver la voie du renard, le digne Lumineau instruit par l’expérience, servi par son merveilleux instinct, s’était livré à ce raisonnement de logique, à savoir : que le renard étant souvent assez rusé pour faire des bonds énormes, afin d’interrompre sa voie et de mettre ainsi dans l’embarras d’honnêtes chiens courants qui ne chassent que pour l’honneur, leur ambition se bornant à prendre le renard et à l’étrangler (sa chair leur inspirant une répugnance invincible), ces braves chiens, afin de retrouver les traces du traître, incapable après tout, de s’être évanoui dans les airs, devaient s’éloigner peu à peu de l’endroit où ils perdaient ses traces, en décrivant des cercles de plus en plus grands, bien sûrs de rencontrer ainsi la piste du fugitif. En effet, malgré l’énormité des deux ou trois bonds, grâce auxquels il interrompait sa voie, le renard devait reprendre ensuite son allure ordinaire, et continuer sa route ou à droite ou à gauche, ou en deçà ou au-delà de l’endroit où sa piste s’interrompait. Or, la quête circulaire et progressive des chiens embrassant un rayon de plus en plus étendu, devait, invariablement, à un endroit donné, avoir pour point d’intersection la passée de l’animal.

Cette manœuvre s’appelle en langage de vénerie prendre les grands-devants et les arrières.

Pratiquant aussitôt cette excellente théorie et abandonnant le vulgaire de la meute qui quêtait et requê-