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Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/136

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homme très étrange. Il avait servi, et vaillamment servi sous l’Empire. Depuis, l’on ne pouvait s’expliquer sa vie continuellement nomade. Il avait parcouru les deux mondes. On le disait doué d’une instruction prodigieuse, d’un caractère de fer, d’un courage à toute épreuve ; mais sa franchise, presque brutale, lui avait concilié peu d’amis.

Il avait aimé ma mère comme le plus tendre des frères.

Plusieurs fois il avait tâché de faire comprendre à mon père tout le prix du trésor qu’il négligeait pour suivre les conseils ambitieux de mademoiselle de Maran ; aussi ma tante avait-elle pris M. de Mortagne dans une aversion profonde : mais comme membre de mon conseil de famille, et chargé comme tel de veiller à mes intérêts, il se trouvait quelquefois forcément rapproché de mademoiselle de Maran.

Depuis quatre ans il voyageait dans l’Inde. Sa première visite, en arrivant à Paris, avait été pour moi.

Il ne pouvait se lasser de me regarder, de