Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/213

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de Maran ne mettait aucune mesure dans ses attaques ; plutôt que de céder, elle niait l’évidence.

Le savant, exaspéré par je ne sais plus, quelle fausse affirmation de ma tante, s’écria en frappant impétueusement sur la cheminée.

— Eh ! non, non, non, mille fois non, et encore non, Madame.

Chaque négation était accompagnée d’un grand coup de tabatière, donné à tour de bras sur la tablette de marbre.

Ma tante ne s’aperçut de la destruction de sa fragile boîte qu’au nuage de tabac et aux éclats d’émaux qui s’en échappèrent.

— Ah ! l’affreux brise-tout ! — s’écria-t-elle en colère : — qu’est-ce qu’il m’a encore cassé là ?… mais, c’est ma tabatière de Petitot ! Ah ! le vilain homme ; mais, Monsieur, pour l’amour de Dieu, tenez-vous donc tranquille ! vous me jetez du tabac dans les yeux, vous m’aveuglez ! Pour cette fois, je vous défends de remettre les pieds chez moi, entendez-vous… Ma tabatière de Petitot !… L’autre jour c’était une bonbonnière de cristal de roche irisé, une bonbonnière de cinquante louis, s’il vous plaît,