Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/212

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toute saison, il portait un spencer vert, fourré d’astracan par-dessus son habit noir à larges basques. Pour rien au monde on ne l’aurait fait monter en voiture, tant il avait peur de verser ; aussi, lors des temps pluvieux ou boueux, arrivait-il quelquefois chez mademoiselle de Maran dans un état à faire pitié.

Rempli d’esprit, de connaissance, de bonté, il n’avait qu’une manie incurable, celle de toucher à tout, de tout déranger de place, et souvent de tout casser.

Ma tante se mettait dans des colères furieuses ; mais comme elle aimait beaucoup causer sciences avec un homme de la réputation de M. Bisson, elle finissait par s’apaiser.

Je me souviendrai toujours d’une charmante tabatière ornée d’émaux de Petitot que ma tante lui avait imprudemment confiée, au milieu d’une dissertation sur un des derniers mémoires lus, je crois, par M. le duc de Luynes à l’Académie des sciences sur les vases étrusques.

M. Bisson commença par rouler innocemment la précieuse boîte dans sa main, puis peu à peu la conversation s’anima. Mademoiselle